Portrait : Karin Boulanger et Jadara’H, un couple au sommet de l’endurance

Malgré une carrière et un palmarès très étoffés, Karin Boulanger est toujours bien présente au plus haut niveau de l’endurance équestre. Ces trois derniers mois, elle figurait même en tête du classement mondial des couples de sa discipline avec Jadara’H, un hongre de 11 ans. Pourtant très compliqué, ce cheval a offert à la cavalière belge un nouvel élan dont elle savoure chaque instant. Retour sur cette histoire aussi belle que tumultueuse !

Karin Boulanger
© Christophe Bortels

Ces trois derniers mois, le classement mondial des couples d’endurance était dominé par Karin Boulanger et Jadara’H. Le duo a participé à six CEI de 100 à 160 km ces deux dernières années et n’a jamais terminé en dehors du podium, signant quatre victoires et deux deuxièmes places. Ce bilan a tout du conte de fées et pourtant, le parcours du couple n’a jamais été vraiment facile ! Il fut même assez chaotique au départ…

Jadara’H est en effet arrivé sous la selle de Karin Boulanger il y a environ trois ans car il était particulièrement difficile. Le hongre gris est né en 2011 chez Rachel Jaumotte, ancienne cavalière belge d’endurance, et a été acquis assez rapidement par son actuel propriétaire Bruno Nerincx. Ce dernier connait bien Karin Boulanger, puisqu’il monte dans ses écuries et lui a déjà confié plusieurs chevaux. « J’ai récupéré Jadara’H car il était très chaud et très stressé », se souvient la cavalière d’endurance. « Il n’arrêtait pas de changer de pied tout seul au galop et sa récupération cardiaque était très mauvaise, sans doute en raison de son stress. »

Karin Boulanger
© Christophe Bortels

Karin Boulanger a donc passé les premiers mois à travailler principalement sur le plat de sorte à pouvoir gérer plus facilement ce qu’elle appelle les « coups de folie » de Jadara’H. Elle s’est ensuite focalisée sur l’aspect cardiaque de l’entrainement, ce qui a aussi permis de canaliser un peu mieux le stress du hongre gris. Malgré tout ce travail, la première saison de compétition s’est avérée contrastée, avec notamment une 3e place sur la CEI 2* de 120 km à Buch et une élimination lors de la CEI 3* sur 160 km à Jullianges. « Lors des premières sorties, il galopait dans son boxe la veille de la course ! », raconte Karin Boulanger. « C’est vraiment un cheval plein d’énergie, qui a besoin de beaucoup bouger. Après la course de Samorin en 2021, on avait voulu le mettre au repos comme on le fait d’habitude avec nos chevaux mais après trois jours, il ne tenait plus en place et était furieux de voir qu’on s’occupait des autres chevaux ! »

© Christophe Bortels

Jadara’H n’a pas complètement perdu sa fougue mais, au fil du temps, il s’est un peu apaisé et a trouvé ses marques auprès de Karin Boulanger. La cavalière a réussi à créer une relation dans laquelle elle lui apporte l’attention et la sensation de sécurité dont il avait besoin, et cela s’est traduit par une progression couronnée de plusieurs victoires en compétitions internationales ces deux dernières saisons. Des performances qui confirment que, malgré les doutes qui l’ont traversée à plusieurs reprises, Karin Boulanger a bien fait de ne pas renoncer à ce cheval : « Jadara’H est vraiment devenu mon cheval de cœur, il a toujours eu de la valeur à mes yeux malgré qu’il était ingérable au début. Je retrouve en lui un peu de cette folie de Poespass (ndlr : cheval avec qui la cavalière a participé à plusieurs championnats du monde et d’Europe et remporté plusieurs CEI) et je prends beaucoup de plaisir à le monter grâce à tout le travail sur le plat qu’on a fait. Il m’a aussi fait évoluer en tant que cavalière, car son tempérament m’oblige à être plus détendue et plus concentrée. »

Karin Boulanger
© Christophe Bortels

L’évolution de Jadara’H a même poussé Karin Boulanger à renouer avec les courses de 160 km. Après les épreuves disputées avec Tawfiq du Courtisot il y a quelques années, elle avait en effet renoncé à cette distance particulièrement difficile à gérer pour une sexagénaire, mais son hongre gris lui a donné l’envie de réessayer. Le couple s’est ainsi imposé cette année lors de la CEI 3* de Buch et s’est qualifié pour les championnats du monde 2022, dont la date et le lieu restent encore à confirmer. Malgré ses récentes performances avec Jadara’H, Karin Boulanger ne se met toutefois aucune pression : « Si je participe, je gèrerai la course comme d’habitude, en tenant compte des sensations le jour J. Mon unique objectif est de continuer à m’amuser et me faire plaisir avec Jadara’H, car il aime vraiment ça ! »

Karin Boulanger n’a en effet plus grand-chose à prouver mais il est appréciable de voir qu’aujourd’hui, elle performe toujours et a même occupé ces trois derniers mois la tête du classement mondial des couples d’endurance avec Jadara’H. « Cette première place est spéciale car je la partage avec Jadara’H », confie-t-elle. « C’est aussi le reflet du travail effectué et de la relation qu’on partage, et c’est ça qui me fait particulièrement plaisir.» Cette réussite fait par ailleurs d’autres heureux dans l’entourage du couple, à commencer par le propriétaire de Jadara’H qui vit cette aventure auprès du duo.

Marie-Eve Rebts

Co-fondatrice de Cheval-in, Marie-Eve est cavalière depuis plus de vingt ans, et journaliste équestre depuis une dizaine d'années. Elle pratique le dressage mais adore le monde équestre dans sa globalité, et s'est même essayée avec joie à de nombreuses disciplines comme l'équitation américaine, le TREC ou le horse-ball !