Faut-il donner des probiotiques à son cheval ?

Comme chez l’humain, l’usage des probiotiques est de plus en plus mis en avant et recommandé chez le cheval. Le développement de nombreux produits peut faire croire à un phénomène de mode, mais en réalité ces compléments ont une vraie utilité. Kathleen Lebrun, diplômée en médecine vétérinaire et nutritionniste équin (Alternanutrivet), nous explique pourquoi, quand et comment donner des probiotiques à son cheval :

probiotiques cheval
© Pixabay

En matière de santé, les parallèles entre le cheval et l’humain sont nombreux. Cela vaut aussi lorsqu’on évoque les probiotiques ! Ces micro-organismes vivants ou « bonnes bactéries » qui composent le microbiote (aussi appelé flore intestinale) contribuent en effet à la bonne dégradation des nutriments. Ils assurent aussi plus globalement une digestion normale et une bonne immunité, car la flore intestinale joue un rôle important à ce niveau. C’est pourquoi on recommande de plus en plus de consommer des probiotiques sous forme de compléments alimentaires, que ce soit chez l’humain ou même les animaux.

« Chez le cheval comme chez n’importe quel vertébré, la flore intestinale peut facilement être perturbée suite à diverses « agressions » comme des traitements médicamenteux – typiquement les antibiotiques », explique explique Kathleen Lebrun, diplômée en médecine vétérinaire et nutritionniste équin (Alternanutrivet). « La flore intestinale des équidés est aussi sensible aux changements d’alimentation, et ce proportionnellement plus que chez d’autres animaux. Enfin, si le cheval a tendance à être fort stressé ou nerveux, cela peut également avoir un impact sur le microbiote. Ce dernier est particulièrement important chez le cheval puisque c’est un herbivore dont le système digestif est spécialisé dans la digestion des fibres, et le microbiote permet cette digestion dans le gros intestin.»

probiotiques cheval
Les probiotiques contribuent à la santé de la flore intestinale et à une bonne digestion (© Pexels / Vladimir Srajber)

En règle générale, les perturbations de la flore intestinale se manifestent chez le cheval par des diarrhées ou crottins mous, des gaz, des ballonnements et autres signes d’inconfort digestif.

Les perturbations de la flore intestinale ne sont hélas pas sans conséquences sur la santé, aussi bien chez l’humain que chez le cheval. « Elles vont entrainer d’une part la mort d’une partie des « bonnes bactéries » de l’intestin, et d’autre part le développement anormal des bactéries survivantes, avec potentiellement des bactéries pathogènes parmi cette population », précise Kathleen Lebrun. « L’intestin va donc se retrouver soit avec une proportion anormale de bactéries inoffensives qui ne permettront plus d’assurer une bonne digestion, soit avec un nombre important de bactéries pathogènes qui peuvent conduire potentiellement à des maladies. »

En règle générale, les perturbations de la flore intestinale se manifestent chez le cheval par des diarrhées ou crottins mous, des gaz, des ballonnements et autres signes d’inconfort digestif. Et dans les cas extrêmes, elles peuvent notamment favoriser la salmonellose.

Quand utiliser les probiotiques ?

Comme expliqué plus haut, les probiotiques sont la solution pour rééquilibrer la flore intestinale et contribuer à une digestion normale. Il n’est pas dangereux d’en donner sans raison à son cheval, toutefois il est préférable de savoir pourquoi on utilise ce genre de complément.

  • De manière préventive, les probiotiques sont utiles pour accompagner un changement d’alimentation, car comme expliqué précédemment le microbiote des chevaux y est particulièrement sensible. « Ce phénomène explique notamment pourquoi on rencontre beaucoup de diarrhées lorsqu’on remet les chevaux au pré au printemps », illustre Katlheen Lebrun. Une cure de probiotiques est donc recommandée lors de la mise au pré au printemps et de l’éventuel retour au boxe en hiver, ou à l’occasion de tout autre changement de régime alimentaire.
  • En prévention également, il est utile de faire une cure de probiotiques après un vermifuge, des antibiotiques ou tout autre traitement médicamenteux qui risque de perturber la flore intestinale du cheval. Si celui-ci est fort nerveux, on peut aussi envisager de le complémenter en prévention d’un évènement particulièrement stressant : transport, déménagement, etc.
  • En traitement, les probiotiques sont un bon premier réflexe si le cheval présente une diarrhée bénigne ou des signes légers d’inconfort digestif. Si les problèmes persistent malgré le complément, il faut bien sûr investiguer davantage.
  • Les probiotiques de bonne qualité peuvent aussi contribuer à une reprise de contrôle sur des maladies liées de près ou de loin à des problèmes intestinaux, à l’immunité ou aux réactions auto-immunes. « Ce sont des cas particuliers, mais qui mine de rien deviennent de plus en plus fréquents », observe Kathleen Lebrun.

De manière générale, les probiotiques se donnent en cure de 3 à 4 semaines qui peuvent être répétées dans l’année en fonction des besoins. Les quantités recommandées sont habituellement précisées par chaque fabricant, en fonction de la composition du produit.

probiotiques cheval
Les probiotiques peuvent être utiles en prévention d’un changement alimentaire, par exemple lors de la remise au pré. (© Pixabay)

Quels probiotiques choisir pour son cheval ?

Tout d’abord, il est important de souligner qu’il faut utiliser des probiotiques spécifiquement destinés aux chevaux, car le microbiote de ceux-ci n’est pas identique à celui des humains ni même d’autres animaux. Ensuite, il existe aussi sur le marché des prébiotiques, qui sont des molécules servant de « nourriture » pour les probiotiques, mais leur usage seul produit généralement des effets limités selon Kathleen Lebrun. « Mieux vaut se tourner vers des probiotiques, ou des produits qui mêlent pré et probiotiques en même temps », conseille-t-elle.

« Beaucoup de probiotiques pour chevaux ne contiennent que des levures – saccharomyces cerevisiea -, ce qui conduit souvent à des effets lents voire invisibles.»

Les prix des probiotiques pour chevaux vendus sur le marché oscillent généralement entre 30 et 50 euros pour l’équivalent d’une cure d’un mois. Ces compléments peuvent prendre diverses formes et avoir une odeur plus ou moins appréciée par les équidés, c’est pourquoi il ne faut pas hésiter à tester différentes formules. Kathleen Lebrun recommande toutefois de lire attentivement les étiquettes, car certains produits ont une efficacité limitée. « Beaucoup de probiotiques pour chevaux ne contiennent que des levures – saccharomyces cerevisiea -, ce qui conduit souvent à des effets lents voire invisibles. Pour plus d’efficacité, il est préférable que le complément possède aussi des bactéries ou au moins des produits fermentés, et que ceux-ci soient vivants – ce qui est généralement indiqué sur l’étiquette. »

En résumé, les probiotiques ont un vrai intérêt pour maintenir le cheval en bonne santé. Leur efficacité dépendra toutefois de deux facteurs principaux : le moment de la cure et la qualité du produit.

Marie-Eve Rebts

Co-fondatrice de Cheval-in, Marie-Eve est cavalière depuis plus de vingt ans, et journaliste équestre depuis une dizaine d'années. Elle pratique le dressage mais adore le monde équestre dans sa globalité, et s'est même essayée avec joie à de nombreuses disciplines comme l'équitation américaine, le TREC ou le horse-ball !