Marine Scauflaire, pas à pas vers le plus haut niveau

De nombreuses personnes ont découvert Marine Scauflaire fin 2023, à l’occasion de sa victoire dans le Grand prix 4* de Rabat, mais en réalité la cavalière s’illustre déjà depuis plusieurs années en CSI 2 à 4*. Partie de presque rien, elle est en bonne voie pour réaliser son rêve de toujours : atteindre le plus haut niveau. Pour cela, la cavalière belge peut compter sur l’aide de sa famille, la fidélité de plusieurs propriétaires mais aussi sa détermination et son assiduité au travail. Rencontre dans ses écuries en région binchoise.

Marine Scauflaire
Marine Scauflaire et Hortus d’Hoogpoort (© Christophe Bortels)

Mi-octobre 2023, Marine Scauflaire décrochait sa première victoire en Grand prix 4* à Rabat, avec Cuba Libre de Nevada Z. A peine deux jours plus tard, elle foulait la même piste sur Hortus d’Hoogpoort en tant que gagnante de l’épreuve de Coupe des nations avec l’équipe belge. « Deux si belles victoires avec deux chevaux différentes le même week-end, c’était tout simplement incroyable ! », souligne la jeune femme.

Ces performances ont vraiment mis un coup de projecteur sur Marine Scauflaire, mais la jeune femme a déjà d’autres belles performances à son actif. Très humble, elle souligne que chacune de ses victoires « est aussi une réussite familiale ». Lors de la remise des prix à Rabat, la cavalière était en effet accompagnée en piste par sa sœur cadette Léa, qui est sa groom depuis un an mais l’accompagne sur les concours depuis presque toujours. « Léa travaille comme si c’était pour elle, je ne dois pas me demander si elle a fait ceci ou cela, je peux juste me concentrer sur mes épreuves et c’est très agréable », confie la cavalière.

Marine Scauflaire
Marine et Léa Scauflaire à Rabat, avec Cuba Libre de Nevada Z (© RB Presse)

En plus de Léa, Marine Scauflaire peut également compter au quotidien sur Lore, son autre sœur cadette, et ses parents qui sont très actifs à l’écurie. « Lore est aux études et mes parents travaillent tous les deux mais dès qu’ils ont le temps, ils viennent donner un coup de main. Grâce à eux, je peux partir au concours les yeux fermés. Tout le monde travaille tellement que quand je gagne, c’est une victoire familiale ! »

Marine Scauflaire a en effet grandi dans un environnement où les chevaux ont toujours été présents. Ses parents étaient cavaliers amateurs et, même s’ils ne l’ont jamais poussée à monter, ils l’ont toujours soutenue dans son évolution. La cavalière est notamment passée par les épreuves internationales poneys avant d’évoluer jusqu’en Grands prix 2* puis 3* avec Opodium du Vivier, qui est désormais retraité mais reste son cheval de cœur. « C’est grâce à lui que j’ai pu acquérir de l’expérience dans les grosses épreuves », souligne la jeune femme. « J’ai eu beaucoup de chance que mes parents le gardent malgré les offres, car quand on est jeune cavalier on n’a généralement pas l’occasion de monter ou de se faire confier des chevaux pour faire de belles épreuves. » Avec Opodium du Vivier, Marine Scauflaire a notamment remporté le Grand prix U25 de Bonheiden en 2015 et est montée sur le podium de plusieurs Grands prix comme les 2* du Touquet et de Mantes-la-Jolie en 2016.

Des jeunes chevaux aux Grands prix internationaux

Après une année enrichissante en tant que cavalière pour la famille de Azevedo (écurie FAPE), Marine Scauflaire s’est finalement lancée à son compte il y a six ans. Sa famille a investi dans une infrastructure près de Binche qu’elle rénove petit à petit, mais où chevaux et cavaliers bénéficient déjà de toutes les installations nécessaires : grande piste extérieure, boxes, rond de longe, paddocks et prés, forêt à proximité, etc. L’endroit héberge quelques pensionnaires, ainsi qu’une vingtaine de chevaux confiés au travail. Marine Scauflaire forme beaucoup de jeunes qu’elle emmène ensuite vers les CSI 2, 3 ou 4*, ce qui est pour elle un plaisir mais aussi une nécessité : « Je ne suis pas encore à un stade où on m’amène des chevaux de 8-9 ans qui sautent déjà des épreuves ranking, donc le seul moyen d’avoir des montures pour faire du beau sport est de les former moi-même. Mon but est depuis toujours d’atteindre le haut niveau.»

Même si le commerce reste nécessaire pour faire tourner son écurie, Marine Scauflaire a la chance de travailler avec plusieurs propriétaires qui partagent son optique et son objectif. C’est notamment le cas de Patrick Dalle, propriétaire du Haras d’Hoogpoort, avec qui elle collabore depuis maintenant 5 ans et qui est devenu son partenaire principal. « Je monte en ce moment 8 chevaux à lui, et il m’en laisse plusieurs au travail pour que je puisse faire de belles épreuves », confie Marine Scauflaire. « Patrick m’a en effet toujours dit que si les chevaux partaient, ce serait en raison d’une vente et non pas parce qu’il les mettrait chez un autre cavalier, ce qui est une chance incroyable. En tant qu’éleveur et propriétaire, sa grande force est aussi de savoir déceler rapidement si un cheval a assez de qualité ou pas, mais malgré tout il laisse sa chance à chacun. »

Cuba Libre de Nevada Z (2014) illustre parfaitement ces propos. Acheté poulain par Patrick Dalle, il est arrivé chez Marine Scauflaire à 5 ans et les débuts ont été laborieux… « A 5 ans, il ratait tous ses parcours malgré son excellente qualité de saut ! Il a failli être vendu mais ça n’a pas abouti donc il est resté chez moi. Malgré les coûts, Patrick a continué à l’inscrire en CSI et ça a fini par payer. A la fin de l’année de ses 6 ans, Cuba s’est en effet déclenché puis à 7 ans, il était vraiment au top ! » Blessé à l’âge de 8 ans, le hongre est ensuite revenu en pleine forme et depuis lors, il a remporté le Grand prix 4* de Rabat et s’est classé dans plusieurs épreuves 3 et 4*, dont le Grand prix de Roeser en 2023. « Il a les derniers moyens et se mettrait à l’envers pour ne pas commettre de faute en piste ! », souligne Marine Scauflaire.

Marine Scauflaire
Cuba Libre de Nevada Z (© RB Presse)

Assurer la relève et viser les 5*

Cuba Libre de Nevada Z est ainsi devenu au fil du temps l’un des deux chevaux de tête de la cavalière, avec Hortus d’Hoogpoort qui appartient lui aussi à Patrick Dalle. Arrivé à 7 ans chez Marine Scauflaire, il s’est illustré dès ses 8 ans dans des Grands prix internationaux et épreuves ranking. En 2022, année de ses 9 ans, il a terminé 3e du Grand prix 3* de Bratislava puis en 2023, il a contribué à la victoire de la Belgique dans la Coupe des nations de Rabat. « C’est un cheval très différent de Cuba car il est plus souple et plus styliste dans son attitude, mais il a aussi une tête incroyable », confie sa cavalière.

Marine Scauflaire
Hortus d’Hoogpoort (© Christophe Bortels)

Pour épauler ses deux chevaux de tête dans les grosses épreuves, Marine Scauflaire devrait pouvoir compter en 2024 sur Obama van de Wellington, cheval qu’elle monte depuis ses 4 ans et qui appartient désormais à la famille. Agé de 10 ans, il a participé à ses premières épreuves 150 cm en 2023 et a notamment sauté le Grand prix 3* de Maubeuge. « J’ai aussi Jagali d’Hoogpoort, qui prend 9 ans et a gagné le Grand prix 2* d’Arezzo l’an dernier. Ce sera un super cheval pour les épreuves de vitesse je pense », ajoute Marine Scauflaire. La cavalière mentionne aussi Ibiza van de Kapel ou encore Snapchat van de Broekkant Z, « ce qui fait cinq ou six chevaux au total pour sauter les épreuves ranking cette année ». Derrière, d’autres chevaux plus jeunes devraient suivre, dont notamment Mister Gold d’Hoogpoort qui n’a que 6 ans mais « est un futur champion » d’après sa cavalière.

Grâce à ce vivier de chevaux, Marine Scauflaire espère consolider ses acquis et continuer son évolution vers le plus haut niveau. Son objectif en 2024 sera de s’aligner sur plusieurs CSI 4*, et si possible de prendre le départ du CSI 5* de Fontainebleau. « Ce serait un cadre idéal pour un premier 5*, tant pour mes chevaux que pour moi», estime-t-elle. « Je rêverais aussi de participer au CSI 5* de Dinard, ou de faire suffisamment de bons résultats pour être reprise comme réserviste au CSIO de Saint-Gall par exemple. » En attendant, la cavalière garde comme toujours les pieds sur terre et maintient le même cap : travailler dur pour atteindre ses objectifs.

Marie-Eve Rebts

Co-fondatrice de Cheval-in, Marie-Eve est cavalière depuis plus de vingt ans, et journaliste équestre depuis une dizaine d'années. Elle pratique le dressage mais adore le monde équestre dans sa globalité, et s'est même essayée avec joie à de nombreuses disciplines comme l'équitation américaine, le TREC ou le horse-ball !