10 façons de faire des économies sans sacrifier le bien-être de son cheval

Avec l’augmentation du coût de la vie, de plus en plus de propriétaires sont confrontés à des difficultés financières et sont contraints à faire des économies vis-à-vis de leur cheval. Certains en viennent à faire des sacrifices personnels, voire dans certains cas à devoir se séparer de leur équidé faute de pouvoir l’assumer financièrement. Les chevaux impliquent hélas des frais incompressibles, toutefois il existe une série d’éléments sur lesquels on peut réaliser des économies sans nuire au bien-être de son animal favori. Explications et conseils :  

© Pavel Bak / pexels

Energie, alimentation, transports : tous les coûts augmentent, y compris dans le secteur équestre. Les propriétaires de chevaux doivent donc non seulement assumer des hausses de prix dans leur vie quotidienne, mais aussi dans celle de leur équidé. Pour certains, l’impact financier est tel qu’il ne leur permet plus d’assumer pleinement leur cheval, si bien que de plus en plus d’équidés sont revendus, ou pire, abandonnés.

Au Royaume-Uni, le Conseil national du bien-être équin (NEWC – National Equine Welfare Council) s’est penché sur le phénomène et a mené une enquête sur l’impact de la crise auprès de 8.000 propriétaires, gardiens de chevaux et organisations équines. Les résultats révèlent qu’un propriétaire sur cinq doit envisager une décision difficile comme vendre son cheval, le partager voire parfois l’euthanasier en raison de la hausse des coûts de la vie. L’enquête suggère toutefois que les propriétaires donnent la priorité à leur cheval : 20% d’entre eux ont réduit les dépenses liées aux soins de leur équidé, alors que 50% ont préféré faire des économies dans d’autres domaines pour financer l’entretien de leur cheval.

Malheureusement, tout le monde n’a pas ou plus l’occasion d’économiser sur d’autres postes de dépenses et les coûts des aliments, soins, litière pour chevaux ne devraient pas diminuer significativement dans les mois à venir. Afin d’aider les propriétaires et soulager les refuges qui sont de plus en plus sollicités et débordés, les associations membres du Conseil national du bien-être équin (NEWC) anglais a édité une brochure intitulée « Réduire les coûts, pas les soins » (« Cut cost not care »). Ce guide liste dix points à analyser pour diminuer les dépenses sans pour autant nuire à la santé et au bien-être de son cheval. Les voici, agrémentés par quelques suggestions supplémentaires de notre part :

1. Revoir la pension/l’hébergement

La pension est pour beaucoup de propriétaires l’un des plus gros postes de dépense. Lorsque les finances sont serrées, il peut donc être judicieux de lister les installations et les services pour lesquels on paie, et d’analyser si ceux-ci sont tous pertinents. On peut ensuite envisager de réduire les coûts en optant pour une pension avec une infrastructure un peu plus modeste, ou encore en prenant en charge une partie des soins quotidiens (même pendant une période limitée). Certaines écurie proposent en effet des pensions moins chères pour les propriétaires qui se chargent eux-mêmes de l’entretien du boxe par exemple.

En alternative à la pension, la brochure du NEWC propose d’opter pour la location d’une prairie, qui est plus abordable et dont on peut partager les coûts si l’on est plusieurs propriétaires. Il est toutefois important de veiller à ce que l’endroit offre toutes les infrastructures nécessaires, à savoir l’accès à l’eau et l’électricité, une zone de stockage pour les aliments, un abri (naturel ou construit), des clôtures sécurisées, un espace qui reste sec en cas de météo humide et bien sûr un herbage suffisant et de qualité.  

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Le pré est souvent une solution d’hébergement moins couteuse, mais il faut veiller à ce qu’il soit équipé de suffisamment d’infrastructures (© Pixabay)

2. Adapter l’alimentation

Comme expliqué dans notre article consacré aux bases de l’alimentation, le cheval a principalement besoin d’être nourri à base d’herbe/de fourrage, et idéalement d’un équilibreur de ration (CMV). On peut donc dans beaucoup de cas réduire voire supprimer les grains, toutefois avant d’effectuer ce genre de changement il est préférable de s’adresser à son vétérinaire ou nutritionniste pour évaluer au mieux les besoins nutritionnels du cheval en fonction de son activité, son état de santé, etc.

Pour éviter tout problème, il est également utile de surveiller régulièrement l’état corporel du cheval, par exemple en le pesant une ou deux fois par mois.

3. Comparer les litières

Paille, copeaux, pellets,… Il existe de nombreux types de litières et il peut être utile de faire une étude de marché pour trouver la meilleure option en termes de prix et de bien-être pour son cheval. Un tapis en caoutchouc dans le boxe peut également contribuer à amener davantage de confort, toutefois il ne faut pas négliger qu’un cheval a besoin d’une litière suffisamment profonde pour trouver un bon sommeil. Il n’est donc pas question de faire des économies sur la quantité de paille, copeaux ou autres. Par contre, on peut optimiser l’utilisation de la litière grâce à une élimination régulière et minutieuse des crottins et parties souillées.

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On peut faire des économies grâce au choix et à l’entretien de la litière, par contre il ne faut pas sacrifier la quantité et le confort. (© Christophe Bortels)

4. Partager son cheval

Il est possible de réduire considérablement le coût d’hébergement de son cheval en lui trouvant une demi-pension, voire en le mettant à disposition pour des cours comme c’est possible dans certains centres équestres. Avant de se lancer dans ce genre de collaboration, il est néanmoins important de bien définir les termes de l’accord : répartition des jours, disciplines et activités pouvant être pratiquées, etc. En tant que propriétaire, il peut être particulièrement difficile de partager son cheval, c’est pourquoi il est important de trouver un demi-pensionnaire ou intermédiaire en qui l’on a confiance.

5. Collaborer et se réunir avec d’autres propriétaires

Si l’on partage une écurie ou un pré avec d’autres propriétaires, il peut être intéressant de grouper certains achats ou tâches afin de réaliser des économies. On peut par exemple demander au maréchal-ferrant, vétérinaire, ostéopathe, saddle fitter, moniteur ou autre professionnel s’il peut proposer une petite réduction pour les visites groupées. Le fait de rassembler les soins au même moment et au même endroit devrait au moins permettre de diminuer les frais liés au déplacement.

On peut aussi s’unir entre propriétaires d’une même écurie ou région afin d’acheter de grosses quantités d’aliments, litière, etc, et négocier auprès des fournisseurs un tarif plus intéressant.

L’entraide entre propriétaires peut aussi concerner les tâches quotidiennes. Il est possible d’économiser du temps, de l’énergie et du carburant en confiant les soins et la visite du matin à une personne, et ceux du soir à une autre par exemple. Enfin, on peut aussi rendre les trajets vers l’écurie moins coûteux et plus agréables en covoiturant, ou si c’est possible en troquant sa voiture pour la marche ou le vélo.

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Les tâches à l’écurie peuvent être réparties pour gagner du temps et limiter les trajets. (© Pexels)

6. Prévenir plutôt que guérir

Vu le prix de certains produits ou consultations, il peut être tentant de faire l’impasse ou de reporter des soins à plus tard. Cependant, négliger des essentiels comme les vermifuges, les vaccins ou encore la visite périodique du dentiste ou de l’ostéopathe peut mener à des problèmes souvent plus coûteux que les soins préventifs. A la place, mieux vaut s’entourer de professionnels de confiance qui sauront indiquer quels sont les soins les plus efficaces et économiques à mettre en place, et à quelle fréquence.

7. Bien penser la maréchalerie

Il est inutile et même contre-productif de vouloir espacer les visites du maréchal-ferrant au-delà de 6 ou 8 semaines, car un pied qui n’est pas entretenu régulièrement peut fortement impacter la locomotion et la santé du cheval. Si ce dernier n’est pas ferré, on peut par contre faire appel un peu moins souvent au podologue à condition d’avoir suivi une formation pour être capable d’assurer soi-même un parage d’entretien. Par ailleurs, lorsqu’on cherche à réaliser des économies, il peut être intéressant de discuter avec son maréchal ou podologue de l’intérêt de ferrer 2 ou 4 sabots en fonction de la santé du cheval, son activité, etc. Ce genre de transition doit toutefois être effectuée de manière progressive (voir notre article sur le sujet).

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Il est contre-productif d’espacer les ferrages, car la santé du cheval peut en pâtir. (© Adobe Photostock)

8. Résister aux tentations du marketing

Les fabricants proposent aujourd’hui une série de superbes équipements, d’accessoires ou friandises en tous genres et il est facile de céder à la tentation. L’idée n’est évidemment pas de supprimer tout achat plaisir, mais plutôt d’éviter de craquer systématiquement, en réfléchissant à ce qui est vraiment nécessaire pour le cheval, le cavalier et leur bien-être. Cela permet de limiter les dépenses, tout en gardant de l’argent pour s’offrir ce dont on a réellement besoin.

Il faut aussi garder à l’esprit qu’acheter du matériel moins cher mais de faible qualité n’est pas toujours une opération gagnante à long terme. Si l’on a un budget limité, il peut être plus intéressant de se tourner vers de bons équipements, mais d’occasion. Il existe désormais de nombreuses possibilités pour se fournir, aussi bien via les réseaux sociaux que les sites spécialisés et même certaines selleries.

Enfin, prendre soin de son matériel permet de le faire durer plus longtemps, et donc d’éviter des dépenses inutiles.

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Un matériel de qualité et bien entretenu est plus durable et évite des frais inutiles. (© Christophe Bortels)

9. Eviter les fausses économies

Certaines économies peuvent sembler intéressantes sur le moment même, mais contre-productives à moyen ou long terme. Par exemple, la brochure du NEWC déconseille d’utiliser des vaccins périmés ou encore de tenter un diagnostic ou traitement sans la visite (ou au moins l’avis par téléphone) d’un vétérinaire. Comme expliqué précédemment, plusieurs soins ou pratiques peuvent être adaptés, mais pas évités : c’est le cas par exemple pour l’entretien des pieds, les vermifuges ou le passage du dentiste. Par ailleurs, certaines économies ne sont pas toujours possibles ou ne s’improvisent pas, c’est pourquoi il vaut toujours mieux en discuter avec son professionnel de référence. Cela vaut notamment pour l’alimentation, ou encore pour le passage pieds nus qui nécessite une transition adaptée.

La brochure de NEWC souligne aussi qu’il est dangereux de vouloir faire des économies sur divers soins ou services (ostéopathe, vétérinaire, etc) en se tournant vers des personnes moins chères car non qualifiées pour effectuer un travail de professionnel.

Enfin, il ne faut pas négliger les assurances responsabilité civile et maladie. Y souscrire représente un certain coût, mais cela évite de se retrouver dans des situations complexes comme devoir payer des dédommagements conséquents si le cheval cause un accident, ou être dans l’impossibilité de soigner son cheval en cas de frais vétérinaires importants.

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Certains soins peuvent être adaptés, mais d’autres comme les vaccins sont indispensables. (© istock photos)

10. Gérer son budget

Contrôler les dépenses liées à son cheval nécessite avant tout de faire preuve de réalisme et d’anticipation face aux coûts. Il est par exemple important de garder à l’esprit que les frais peuvent augmenter en hiver pour les chevaux au pré, ou que si l’on a un demi-pensionnaire, le contrat peut s’arrêter et il faut alors être capable de payer soi-même l’intégralité de la pension – ne serait-ce que momentanément. Un cheval nécessite aussi une série de soins réguliers, auxquels s’ajoutent des frais supplémentaires en cas de blessure, maladie, accident,…  Pour ces raisons, il est idéal de mettre un peu d’argent de côté pour se constituer une réserve en cas d’imprévu.

Mis ensemble, tous ces petits gestes peuvent permettre de réaliser de vraies économies à long terme sans sacrifier la santé et le bien-être de son cheval. Mieux vaut donc commencer avant de se retrouver dans des situations compliquées et souvent déchirantes, comme par exemple être dans l’impossibilité de soigner son cheval ou de le garder…

Retrouvez ici le petit guide « Cut cost, not care » édité par le NEWC.

Marie-Eve Rebts

Co-fondatrice de Cheval-in, Marie-Eve est cavalière depuis plus de vingt ans, et journaliste équestre depuis une dizaine d'années. Elle pratique le dressage mais adore le monde équestre dans sa globalité, et s'est même essayée avec joie à de nombreuses disciplines comme l'équitation américaine, le TREC ou le horse-ball !